À l’approche de l’édition 2025 de l’Eurovision, qui se tiendra à Bâle du 13 au 17 mai, l’Union européenne de radio-télévision (UER) a instauré une mesure attendue par ceux qui réclament une dépolitisation de la compétition: l’interdiction des drapeaux LGBT+ sur scène. Désormais, seuls les drapeaux nationaux des pays représentés – fournis exclusivement par l’organisateur suisse SRG SSR – seront autorisés pour les artistes, et ce dans tous les espaces officiels : scène, Green Room, tapis turquoise et Village Eurovision.
Cette décision marque une rupture nette avec l’orientation idéologique que le concours avait adoptée ces dernières années. L’Eurovision était devenue un espace d’expression privilégié pour la mouvance woke et la promotion systématique de causes identitaires. Le règlement autorisait jusqu’alors explicitement les drapeaux LGBT+, transformant la scène musicale en plateforme militante.
Les exemples abondent : en 1998, la victoire de Dana International, chanteuse transgenre représentant Israël, avait été saluée comme un « tournant progressiste ». En 2014, Conchita Wurst, drag queen autrichienne à barbe, remportait à son tour le concours sous les acclamations d’un public converti à l’idéologie de la « diversité ». Plus récemment, en 2024, Nemo, artiste (non-binaire) suisse, avait brandi le drapeau non-binaire sur scène, dans un geste devenu emblématique d’un concours plus préoccupé par les revendications identitaires que par la musique elle-même.
En ce sens, l’interdiction de 2025 constitue un point d’inflexion majeur : elle vient freiner l’instrumentalisation du concours à des fins idéologiques, et offre un contrepied salutaire à une dérive militante devenue quasi hégémonique.
Cette mesure s’inscrit également dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, notamment autour de la participation d’Israël, cible de nombreuses campagnes d’exclusion. Profitant de l’édition 2025, plusieurs figures de l’extrême gauche européenne ont cherché à imposer une lecture militante du concours.
La députée européenne Rima Hassan, accompagnée de Thomas Portes, a ainsi relayé des appels à l’exclusion d’Israël, au nom de la situation à Gaza. Une pétition signée par 72 anciens candidats, parmi lesquels les Français La Zarra, Jessy Matador et Marie Line, réclame la disqualification du pays. Certains artistes, à l’image de Nemo lui-même, se sont également alignés sur ces revendications.
Dans ce climat, l’UER a dû faire face à une double pression : celle de la mouvance LGBT+ pour maintenir sa visibilité militante sur scène, et celle des activistes pro-palestiniens appelant à l’exclusion d’un État membre. Des menaces de mort ont même visé la délégation israélienne depuis 2024.
L’UER justifie sa décision par une volonté de « clarification » et de « neutralité » dans les messages portés sur scène. Si les drapeaux LGBT+ sont désormais exclus, le public reste libre d’en arborer, tant qu’il respecte la législation suisse. Cette distinction, si elle peut sembler incohérente, marque néanmoins une tentative de recentrer l’Eurovision sur son objet initial : la musique, et non l’idéologie.
Reste à savoir si cette politique résistera à la pression des lobbies militants, ou si elle ne constitue qu’un sursis temporaire dans une dynamique de récupération politique bien rodée. Une chose est sûre : le monopole idéologique arc-en-ciel a enfin été ébranlé.
Crédit image : Par Arthur Deyneuve pour SRG SSR et UER — https://eurovision.tv/mediacentre/release/eurovision-2025-visuals-details-revealed, marque déposée, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?curid=16633741