Va t-on devoir interdire aux acteurs valides d’interpréter des handicapés ?

Un acteur valide a-t-il le droit le droit de jouer le rôle d’un personnage en situation de handicap (« cripping up« ) ? C’est à présent ce qui révolte les anti-validistes*.

Ce terme fait référence à une tendance venue des États-Unis, pour lequel aucune traduction littérale n’a encore vue le jour en France.

C’est à l’occasion de la sortie du film « Tout le monde debout » de Franck Dubosc, en 2018, que la polémique a commencé à émerger de notre côté de l’Atlantique. Depuis, des activistes français, comme Marina Carlos, membre du Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation (CLHEE), tentent d’imposer le concept de « cripping up » en France. Selon elle, le fait de confier un rôle d’handicapé à un acteur valide viserait à invisibiliser les personnes en situation de handicap. Un moyen de renforcer les stéréotypes validistes.

Les anti-validistes estiment, par ailleurs, que seuls les acteurs handicapés sont légitimes pour incarner des personnages qui le sont. Elena Chamorro, également membre du CLHEE, affirme que le jeu d’un acteur valide à ce titre est « fréquemment mauvais, grossier et irréaliste et provoquerait souvent le rire des personnes handicapées ».

Quant aux acteurs qui ont été récompensés d’un Oscar pour leur interprétation de personnages handicapés, comme Daniel Day-Lewis (My left foot), Dustin Hoffman (Rain Man), ou Eddie Redmayne (Une Merveilleuse histoire de temps), les militantes leur reprochent d’avoir profité de la situation de handicap de leur personnage pour obtenir une distinction et ainsi faire carrière. Une version de l’appropriation culturelle en mode validiste.

Afin de prouver que l’invisibilisation qu’elles dénoncent est bien réelle. Marina Carlos a même mis en place son propre indicateur de diversité : le DisRep test qui consiste à dénombrer le nombre de films / d’émissions dans lequel il y aurait un acteur handicapé qui ne soit pas un homme cisgenre, blanc et hétérosexuel, ni une personne qui évoque son handicap même par le biais de l’humour… Il ne faut pas non plus que son personnage subisse de blagues moqueuses, ni qu’il utilise l’autodérision pour se faire accepter.

This test analyzes a film/TV show along the following lines:
a) At least one disabled character
b) who isn’t a white, straight cisgender man
c) who is portrayed by a disabled person
d) whose storyline doesn’t revolve around their disability
e) No inspiration porn nor misery arcs— Marina Carlos (@MarinaCpom) March 26, 2019

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