L’administration Trump, par l’intermédiaire du secrétaire à la Défense Pete Hegseth, a engagé en 2025 une refonte radicale de la culture militaire américaine. Le discours de Quantico du 30 septembre a symbolisé cette rupture : Hegseth y a lancé un ultimatum aux plus hauts gradés, affirmant que toute personne « en détresse (personne en détresse) » par sa vision devait « prendre la mesure honorable de démissionner ». Il affiche clairement sa volonté de rompre avec les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) et replacer l’armée sous le signe exclusif du mérite et de la discipline.
Les directives annoncées ont bouleversé les institutions des forces armées, rétablissant les standards physiques « masculins » comme norme pour tous les postes de combat, sans exception ni aménagement. Hegseth a assumé la conséquence : « Si cela résulte en aucune femme dans ces rôles, qu’il en soit ainsi. » Il a également décrété la fin de toute tolérance envers le surpoids, la réinstauration d’exigences vestimentaires strictes, l’interdiction quasi totale des exemptions religieuses et la suppression immédiate de tout programme DEI, qu’il désigne comme des « mois d’identité » ou des « délires de genre ». Par cette réforme, il entend mettre un terme à la transformation de l’armée en laboratoire social pour en faire à nouveau un instrument de puissance.
Ce changement s’inscrit dans la continuité des ordres exécutifs signés par Donald Trump dès janvier 2025. L’un d’eux imposait la suppression complète des programmes DEI dans toutes les branches de l’armée et exigeait un rapport détaillé sur leur élimination sous 90 jours. Toute formation enseignant que l’Amérique est « fondamentalement raciste » ou promouvant l’idéologie de genre a été bannie, tandis que les institutions militaires ont reçu l’ordre de présenter les États-Unis comme « la plus grande force du bien dans l’histoire humaine ».
Le message de Hegseth se distingue aussi par sa brutalité rhétorique : il a décrit les soldats comme des hommes et des femmes dont le métier est de « tuer des gens et casser des choses ». Cette conception, qu’il oppose à ce qu’il appelle « la société polie », marque une rupture complète avec la tradition de service et d’honneur des décennies précédentes. En se présentant comme « secrétaire à la Guerre » plutôt qu’à la Défense, Hegseth entend redéfinir la mission militaire non plus comme la défense de valeurs, mais comme l’affirmation d’une supériorité létale. Le général Chris Walker a salué la fin du « gaspillage idéologique » et défendu la concentration des ressources sur la compétition avec la Chine.
Ce revirement contraste avec les décennies d’évolution progressive qui l’ont précédé. Sous Obama, plusieurs textes majeurs tels que l’Executive Order 13583 (2011) et le mémorandum de 2016 sur la diversité dans la sécurité nationale qui avaient intégré des critères ethniques et sexuels dans le recrutement afin de favoriser la représentation des femmes et des minorités dans les postes de commandement. Les investissements dans les programmes DEI du Pentagone avaient atteint 114 millions de dollars en 2024.
Les forces de police et les services d’urgence avaient suivi une trajectoire similaire. Le Los Angeles Fire Department, notamment, fut dirigé successivement par Ralph Terrazas, premier chef hispanique, puis par Kristin Crowley, première femme et première personne ouvertement LGBTQ à occuper cette fonction. Ces nominations cherchaient à valoriser la présence de minorités ethniques, sexuelles, religieuses et de personnes obèses au détriment du mérite.
Ce phénomène a connu son paroxysme lors des incendies qui ont ravagé la Californie en 2025, ravivant les tensions et mettant en lumière les effets de ces politiques. Les pompiers avaient privilégié des critères DEI et écologiques qui ont desservi leur travail et rendu la prise de décision plus difficile lors de la crise.
Ces choix représentent aujourd’hui un retour à la raison et à la rationalité pour une armée américaine trop longtemps dictée par des idéologies qui l’éloignaient de sa mission première : protéger le pays. En rejetant l’instrumentalisation idéologique visant à créer artificiellement un monde de diversité et d’inclusion rêvé par les militants « wokes », l’administration Trump affirme un recentrage stratégique. Un choix crucial à un moment où la diplomatie américaine est mise en danger par la montée des tensions internationales et la nécessité de retrouver une armée forte, cohérente et dévouée à sa fonction première.
Crédit image :Par U.S. Secretary of Defense — https://www.flickr.com/photos/secdef/54290378607/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=158689126