Intitulé « Harms of the current global anti-FGM campaign » (« Les préjudices de la campagne mondiale actuelle contre les MGF »), l’article est signé par Fuambai Ahmadu, anthropologue américano-sierra-léonaise, et Richard Shweder, anthropologue culturel à l’Université de Chicago.
Il a été publié en ligne aux alentours du 15 décembre 2025 par le Journal of Medical Ethics, revue de référence du British Medical Journal (BMJ), reconnue dans le domaine de l’éthique médicale. Les auteurs y soutiennent que la politique occidentale de « tolérance zéro » à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF) serait « impérialiste », « stigmatisante » et scientifiquement biaisée. Ils proposent de remplacer le terme « mutilation » par celui de « modification génitale féminine » (Female Genital Alteration ou Female Genital Cutting).
Les auteurs remettent en cause la « vision occidentale négative » de ces pratiques sur plusieurs points. Ils affirment notamment que les risques médicaux ainsi que l’impact sur le plaisir sexuel seraient souvent exagérés par les campagnes occidentales afin de diaboliser ces rites. Ils citent des études selon lesquelles la majorité des femmes excisées ne présenteraient pas de complications graves à long terme.
Ils dénoncent également ce qu’ils qualifient de double standard, en comparant ces pratiques à la chirurgie esthétique génitale féminine, comme la labiaplastie, répandue en Occident, ou encore à la circoncision masculine. Selon eux, l’Occident ferait preuve d’hypocrisie en acceptant certaines modifications corporelles tout en criminalisant d’autres pratiques culturelles. Les lois anti-MGF contribueraient ainsi à stigmatiser les communautés africaines migrantes, présentées comme « barbares » ou « mutilatrices », et priveraient des femmes adultes consentantes de leur droit à disposer de leur corps lorsqu’elles souhaitent recourir à une modification rituelle.
Malgré de nombreux signalements et critiques émanant de spécialistes médicaux alertant sur la dangerosité des thèses avancées dans l’article, la revue a maintenu sa publication. Le Journal of Medical Ethics a défendu sa décision au nom du débat académique, précisant qu’il ne cautionnait pas les positions des auteurs mais qu’il estimait nécessaire d’ouvrir une discussion sur des questions éthiques jugées complexes. Rappelons toutefois qu’il ne s’agit pas du premier article de ce type publié par la revue, laquelle avait déjà, en 2016, suscité une vive polémique dans le milieu médical pour avoir soutenu des thèses similaires. Il faut rappeler que l’excision constitue des violences graves, qualifiées de torture et d’actes de barbarie, pénalement constituées, quand bien même la victime serait consentante. La thèse avancée par les auteurs de l’article est donc criminelle, et le journal qui l’a publiée en est complice.