Le 27 juin 2025, le créateur Willy Chavarria présentait sa collection printemps-été 2026, baptisée « Huron », lors de la Fashion Week. La mise en scène était explicite : plusieurs dizaines de modèles, vêtus d’un simple t-shirt blanc et d’un pantalon assorti, pour rappeler sans ambiguïté les tenues de prisonniers.
Trente-cinq mannequins masculins, crâne rasé, t-shirt et short blancs, ont défilé dans un silence pesant. Une fois sur scène, ils se sont agenouillés, mains dans le dos, tête baissée.
Deux lectures se dégagent de cette prestation :
La première renvoie à la politique carcérale du Salvador, en particulier au Centre de Confinement du Terrorisme (CECOT), la gigantesque prison construite par le président Nayib Bukele pour neutraliser les gangs criminels. Ce programme sécuritaire, salué par une grande majorité de Salvadoriens, a permis au pays de passer du taux d’homicides le plus élevé au monde à l’un des plus bas d’Amérique latine. Bukele a réagi avec colère sur X (ex-Twitter), dénonçant une mise en scène qui, selon lui, « starifie des criminels » et détourne un symbole de la lutte contre l’insécurité pour en faire un objet de marketing.
La seconde lecture est purement américaine : Willy Chavarria a collaboré avec l’American Civil Liberties Union (ACLU). À l’intérieur des t-shirts portés par les mannequins, on pouvait lire un message cousu sur l’étiquette : « L’ACLU ose créer une union plus parfaite au-delà d’une personne, d’un parti ou d’un camp. »
L’objectif est d’attaquer les politiques migratoires des États-Unis, notamment en Californie, où des centaines d’immigrés illégaux principalement hispaniques ont été arrêtés ces derniers mois. Des manifestations violentes ont éclaté à Los Angeles, opposant militants pro-immigration et forces de l’ordre. À travers cette collection, Willy Chavarria mêle provocation, militantisme politique et esthétisation des détenus carcéraux. Mais au-delà du choc visuel, c’est bien la banalisation voire la glorification, de figures liées à la criminalité de masse, à l’immigration clandestine et à l’insécurité qui est scandaleuse.