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Wokisme : « En France, les entreprises sont toujours sous pression », déclare Olivier Vial


Olivier Vial est directeur du CERU, un laboratoire d’idées en charge du programme de recherche sur les radicalités. Dans un entretien accordé à Epoch Times, il analyse l’état actuel de l’idéologie woke et sa présence dans les entreprises.



Epoch Times : Olivier Vial, le CERU vient de publier une nouvelle brochure sur le wokisme : « Wokisme, stade ultime de la déconstruction ? » dans laquelle il revient sur la genèse de ce courant de pensée et ses vecteurs de diffusion. Pour vous, dans quel état se trouve le wokisme à l’heure actuelle ? Est-il toujours influent ?


Olivier Vial : À l’évidence, le wokisme est toujours influent. Certes, nous avons eu récemment de bonnes nouvelles : des entreprises américaines commencent à faire machine arrière et on remarque qu’au sein des sociétés françaises, plus la notoriété des concepts woke augmente, plus ils deviennent impopulaires. Mais malheureusement, cette idéologie se développe et va continuer à se développer.

En effet, comme nous le rappelons dans la brochure, le wokisme n’est pas quelque chose de superficiel, mais un courant de pensée aux racines profondes et en partie structuré par des intellectuels français. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il s’est très rapidement développé en France.


Vous n’avez donc pas le sentiment qu’il soit en perte de vitesse ? Le fait que certaines entreprises américaines commencent à y renoncer ne constitue pas, pour vous, un tournant ?


C’est un début d’espoir, mais ce ne sont pas quelques bonnes nouvelles ici et là qui vont, par exemple, stopper le développement des concepts woke dans l’université française. Les travaux sur le racisme systémique de la police sont de plus en plus enseignés dans nos universités. Et d’autres discours woke sont également diffusés dans les entreprises.

Par ailleurs, même si outre-Atlantique, certaines sociétés commencent à prendre leurs distances avec ce courant de pensée, on s’aperçoit que dans les entreprises européennes et françaises, on est encore loin de ce phénomène de marche arrière.


« Il semble, malheureusement, que le wokisme ne soit qu’une étape (loin d’être achevée) dans le mouvement de la « déconstruction », est-il écrit à la fin de la brochure. Quel serait alors le stade ultime ?


Le stade ultime, je ne le connais pas. Cependant, on sait que le wokisme ne date pas d’hier et qu’il a au moins un siècle. Dans la brochure, nous sommes remontés aux années 1920, notamment au penseur italien Antonio Gramsci, et avons constaté que le wokisme est un moment particulier du grand courant de la déconstruction qui s’appuie beaucoup sur la culpabilité de l’homme occidental. Et c’est parce qu’on ne s’aime pas qu’on peut effectivement essayer de déconstruire à la fois ce que nous sommes et notre civilisation.

Cette culpabilisation de notre culture et de notre civilisation est extrêmement développée dans plusieurs courants, notamment l’écologie politique. C’est un courant majeur qui cherche à remettre en cause tous les progrès techniques, la science, la culture, au nom justement de la culpabilité de l’homme blanc, un individu qui serait responsable de toutes les catastrophes écologiques dans le monde. À mon sens, ce courant va continuer à se développer.


Même si, pour ma part, je considère le wokisme comme une parenthèse, il incarne malgré tout ce moment où la pensée de la déconstruction rencontre une nouvelle forme d’activisme sur les campus américains.


Gardons bien à l’esprit que la rencontre entre la French Theory et l’activisme américain extrêmement virulent a donné naissance au wokisme, qui est là pour tout déconstruire à vitesse grand V, de manière beaucoup plus militante. Avec le temps, cette partie activiste suscitera peut-être tellement de rejet qu’elle va disparaître, mais cela ne veut pas dire que l’idéologie derrière va pour autant s’éteindre.


Elle prendra certainement une nouvelle forme.


Aujourd’hui, on constate que l’aile radicale et activiste du wokisme fait l’objet de nombreuses critiques, notamment à cause des atteintes à la liberté d’expression et la cancel culture.

Cela étant, les idées en soi ne sont pas massivement rejetées.


Le site que vous avez fondé, l’Observatoire du wokisme, a mis en place un index du wokisme en entreprise (IWE). Il vise à étudier l’impact de cette idéologie dans les entreprises. Quelles sont vos conclusions après avoir réalisé cet audit ?


Nous avons décidé de réaliser cet index parce que nous nous sommes rendu compte que le public français ne connaît que partiellement le wokisme : il est simplement vu comme une émanation de certaines universités ou de milieux activistes.


À l’inverse des Américains, les Français ne savent pas que les entreprises constituent l’un des principaux vecteurs de diffusion de l’idéologie woke, et plus précisément les politiques internes (RSE, diversité etc…) mises en place au sein de ces dernières.


Mais tout ne s’est pas fait naturellement : des mouvements activistes ont fait pression sur les entreprises pour qu’elles prennent des mesures woke. Et certaines l’ont fait de manière crédule en imaginant acheter la paix sociale. D’ailleurs, ces politiques internes ont créé des tensions au sein des entreprises, d’où le phénomène actuel de marche arrière aux États-Unis.

Malheureusement, en France, les entreprises sont toujours sous pression. La particularité étant que les entreprises françaises sont beaucoup plus discrètes que leurs homologues américaines dans la mise en place de mesures woke. Et tout le travail des analystes de l’Observatoire du Wokisme est justement d’aller regarder dans les documents officiels des entreprises, les politiques woke à l’œuvre. Une centaine d’entreprises vont être mises en ligne d’ici la fin de l’année sur notre site. On est déjà à plus de 70. Il y en aura d’autres l’année prochaine.


En analysant les documents officiels, on réalise que de plus en plus de grands groupes utilisent l’écriture inclusive sous la pression de certaines associations ou prennent des mesures assez surréalistes : le groupe Renault vient, par exemple, d’instaurer une politique de ressources humaines dont l’objectif est qu’il y ait au maximum 40 % des salariés du groupe qui ne soient pas de nationalité française. De son côté, le PDG de Carrefour a annoncé qu’il regrettait qu’il n’y ait pas de statistiques ethniques parce que ça lui permettrait de mettre en place des quotas de recrutement.


Il y a eu également un développement important des formations obligatoires faisant la promotion des concepts woke. Elles sont dispensées par des associations militantes qui viennent dans les entreprises pour former les cadres.


Le groupe Adidas et sa filiale Reebook sont même allés jusqu’à créer un prix pour récompenser des groupes activistes qui travailleraient sur la question du racisme systémique !

Ici, nous sommes au cœur de l’idée que l’entreprise vient apporter son concours et son financement discrètement. En réalité, si on ne lit pas les rapports des entreprises, on ne peut le savoir.


Quelles sont les associations qui exercent une pression sur les entreprises ?

 

Il y en a beaucoup. Les associations LGBT sont assez actives et font pression sur les entreprises pour qu’elles financent certains de leurs projets.


C’est toujours la même chose : au départ, les entreprises font ça de bonne foi, pour ne pas être accusées d’homophobie ou de transphobie. Mais elles ne réalisent pas qu’en finançant ces associations, elles participent au développement de concepts idéologiques beaucoup plus forts. Il ne s’agit pas seulement de politiques visant à lutter contre les discriminations. Derrière, Il y a des associations extrêmement militantes et activistes à l’instar du très puissant Black Lives Matter, un mouvement à la pointe du combat woke aux États-Unis.

Ces associations sont très nombreuses. Il est donc difficile d’établir une liste, mais on retrouve toujours cette même volonté d’imposer une vision extrêmement woke de nos sociétés.



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