© capture d'écran - YouTube - Sciences Po
Sciences Po s'illustre régulièrement comme pourfendeur de la « blanchité » ou du « privilège blanc ». Entre les listes de lectures conseillées à ses étudiants, les modules obligatoires autour de ces thèmes ou encore les « féministes blanches » qui y sont prises à partie.
Dernièrement, ils ont décidé de s'attaquer à la... gastronomie française. En effet, lors d'un live réalisé sur Youtube par la prestigieuse école le jeudi 17 juin dernier, Sarah Mazouz, chargée de recherches au CNRS, et Mathilde Cohen, professeur de droit à l’université du Connecticut invitée par l'école, nous parlent de « domination blanche au sein de la gastronomie française».
Cette invitation fait suite à la publication par Mathilde Cohen d'un rapport d'étude de 26 pages intitulé « Law, Food, and Race: The Whiteness of French Food » French Politics, Culture, and Society*.
Le résumé proposé en français est le suivant :
« Si l’alimentation est centrale à l’identité française, le déni de l’existence de différences raciales et de leur impact fait tout autant partie de la façon dont la nation se définit, ce qui les rend difficiles, mais d’autant plus importants à penser ensemble. Cet article utilise le champ juridique pour identifier une forme de blanchité alimentaire, c’est-à-dire l’utilisation de la nourriture et des habitudes alimentaires pour réifier et renforcer la blanchité comme identité raciale dominante. Trois exemples sont mobilisés pour montrer que le droit élève au rang d’alimentation supérieure et normative une fiction de nourriture française et blanche homogène aux dépens de formes d’alimentations alternatives et de leurs mangeur.euses : le droit des appellations d’origine contrôlées, la réglementation des cantines scolaires et le droit du patrimoine de l’humanité. »
Blanchité, suprématie blanche, invisibilisation, écriture inclusive. Tout y est.
Le document dans son intégralité est accessible sur ce lien : https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3819684
Très vite, l'UNI s'est mobilisée sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette nouvelle attaque à la culture française.
Au vu de la polémique, Sciences Po a finalement tenté de rétropédaler, plutôt maladroitement, en « s'expliquant sur le contexte » : on peut ainsi lire que « la SDI, co-organisée par notre École de droit et l'université Paris Nanterre, a accueilli environ 50 vidéos sur divers sujets liés au droit, à la recherche juridique, à la pratique, à l'enseignement du droit, au droit dans la société selon les termes de l'appel à projets » et que « Sciences Po ne promeut aucune théorie ni école de pensée particulière. Notre université accueille, dans le cadre du débat scientifique, la pluralité des approches contemporaines des sciences humaines et sociales, dans le respect du cadre déontologique de la recherche ». Sic !
Sciences Po ne promeut aucune théorie ? Comment qualifier alors le fait que l'été dernier, l'école ait diffusé une liste très orientée de livres à lire, ou qu'elle soit le théâtre de manifestations comme la journée du hijab, ou la queer week.
*« Loi, Nourriture et Race : la blanchité de la nourriture française » Politique française, culture et société
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