Dans une tribune publiée le 17 novembre dans le Figaro, Eugénie Bastié s’interroge sur les responsables de la montée du complotisme, du relativisme et de la post-vérité.
« Le complotisme, la tentation de trouver des boucs émissaires, le refus de la contingence ont toujours existé. » Mais, souligne-t-elle « ils prennent aujourd’hui une nouvelle dimension : décuplés par la puissance des réseaux sociaux, accentués par une polarisation politique qui transforme l’adversaire en ennemi. »
Le plus grave, c’est qu’il devient très difficile de combattre ces tendances, car les citoyens ont de moins en moins confiance en ceux qui étaient jusque là censés incarner une forme d’autorité en la matière.
Début 2020, deux enquêtes ont montré notamment que la confiance des Français vis-à-vis des médias était à un niveau historiquement bas. L’enquête Reuters, publiée en juin 2020, établissait que seuls 24 % des Français faisaient encore confiance aux médias d’information (-14 points par rapport à la première enquête de 2012). Un mouvement similaire est confirmé par le baromètre Kantar Sofres pour le quotidien La Croix, même si le niveau de confiance mesuré reste plus élevé : seuls 44 % des Français interrogés considèrent que « les choses se sont passées vraiment ou à peu près comme les journaux les racontent ».
Cette crise de l’autorité touchait également depuis des années les dirigeants politiques, il y a fort à craindre que la crise de la Covid-19 ait également fini par entamer sérieusement la crédibilité et l’autorité des scientifiques. Cet effondrement de l’autorité politique, médiatique et scientifique conduit à un relativisme généralisé dans lequel prospère le complotisme.
À qui la faute ? interroge Eugénie Bastié, avant de tourner son regard vers la gauche intellectuelle qui « n’est pas la dernière responsable dans l’émergence de ce climat de post-vérité. » En effet, poursuit-elle,
« Qui a déconstruit méthodiquement les institutions, sapé la notion d’autorité ? Qui a affirmé que « La vérité » n’existait pas et qu’il n’y avait que des subjectivités ? Qui a cherché, derrière les énoncés les plus banals des structures de pouvoirs cachées ? Qui a démantelé les plus simples évidences au nom de la lutte contre le préjugé ? Qui a affirmé que ce qui comptait n’était pas le contenu d’un discours, mais le statut de celui qui l’énonce ? Il n’y a pas de réalité, il n’y a que le langage, il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations, le réalisme est réactionnaire : voilà ce qu’on enseigne depuis quarante ans dans les universités occidentales imbibées de French Theory. »
Un réquisitoire auquel l’Observatoire de la déconstruction ne peut que souscrire.
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