Dans un arrêt rendu, mercredi 16 septembre 2020, la Cour de cassation a refusé que le père biologique d’une petite fille de 6 ans puisse être officiellement reconnu comme sa mère. Cela faisait plusieurs années qu’avec le soutien d’associations LGBTQ+, il militait pour être reconnu comme la deuxième mère de son enfant.
Explications
Au départ, comme le rapporte le monde, c’est l’histoire d’un couple hétérosexuel composé d’un homme et d’une femme qui se marie en 1999, et a deux premiers enfants. Au fil des ans, le mari ne se reconnaît plus dans son genre masculin. Il entame alors une transition pour devenir une femme, sans recourir immédiatement à une opération. En 2011, il obtient par un jugement son changement d’État civil et devient ainsi officiellement une femme transgenre. 3 ans plus tard, en 2014, le couple décide de devenir parents pour la troisième fois. Une petite fille naît donc en 2014 de l’union, d’une mère qui accouche et d’une autre, femme à l’État civil, mais également père biologique de l’enfant. L’officier d’État civil refuse de retranscrire dans le livret de famille de l’enfant, une filiation qui ferait disparaître le statut de père biologique au profit de celui d’une seconde mère. Le combat juridique et militant est lancé.
« Dépasser la conception biologique du genre et de la filiation. »
Les nombreuses associations qui accompagnent ce couple ont un objectif affiché : déconstruire le caractère biologique de la filiation et du genre. Un de leur avocat à dénoncer cet arrêt de la Cour de cassation comme un « retour à une conception biologique ».
Leur prétention : pouvoir s’autodéterminer, se définir librement en s’affranchissant de la biologie.
La méthode, c’est Judith Butler, l’une des universitaires, les plus écoutées dans ce domaine, qui la résume le mieux. Il faut semer le trouble dans le genre. Pour cela, elle invite les militants du genre (individus, collectifs ou associations) à mettre en scène et médiatiser des situations où la binarité biologique est rendue imprécise, floue.
Ce n’est donc pas la première fois que des activistes instrumentalisent ainsi des histoires intimes et souvent douloureuses pour faire avancer leurs revendications. Avant l’histoire de ce couple, on peut, par exemple, citer le cas de Thomas Beatie, véritable célébrité (il a même participé à Secret Story), qui s’est fait connaître comme étant le premier homme enceinte, ou encore celui de Norrie May Welby qui n’a pas hésité à prendre d’importants risques pour sa santé pour être reconnue comme la première personne de genre neutre.
Derrière chacune de ces histoires, il y a une volonté militante, celle consistant à déconstruire par l’exemple l’influence de la biologie sur nos vies. Un rêve prométhéen qui n’est pas sans danger. La Cour de cassation y a pour l’instant mis un terme. Mais, le combat n’est jamais terminé. Les associations, qui accompagnent le couple, promettent déjà de saisir la Cour européenne des droits de l’homme.
Comments