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L'architecture des écoles dans le viseur des «soldats du genre»


© Pixabay


Olivier VIAL, Président de l'UNI et directeur du CERU - le laboratoire d’idées universitaire en charge du programme de recherche sur les radicalités, rédigeait en décembre dernier pour le site Atlantico une chronique pour dénoncer la publication d'un rapport qui invite l'Éducation nationale à s'intéresser au genre des bâtiments scolaires et proposent d'investir de l'argent public pour dégenrer les cours de récréation, les toilettes, la cantine et même ... les portes des classes.


1453, Constantinople est assiégée. Les autorités de la ville s’intéressent à la question du sexe des anges plutôt qu’à la défense de la cité précipitant ainsi sa chute. Aujourd’hui, c’est notre École qui est gravement menacée. Le niveau des élèves s’effondre[1], le communautarisme progresse… et voilà que désormais la question du « sexe » ou plutôt du « genre » des bâtiments scolaires focalise l’attention.


L’UNSA, l’IRES et le centre Hubertine Auclair[2] viennent de publier un guide à destination des collectivités et des acteurs de l’Éducation nationale pour les appeler à redéfinir les espaces scolaires (classe, cours de récréation, toilettes, couloirs…) en tenant compte de la question du genre.


Les espaces publics sont conçus « par et pour les hommes », soulignent les rédacteurs de ce document. « Loin d’être des espaces neutres », les collèges et les lycées ne font pas exception. Les questions de genre « influent sur les modalités d’occupation et d’appropriation de l’espace » et, ainsi, alimentent des rapports de domination qu’il s’agit de déconstruire grâce à des bâtiments et des pratiques repensés.


La taille des couloirs, l’agencement des salles de classe ou des cours de récréation, tout est scruté afin de dévoiler ces rapports de domination invisible qui sont censés structurer l’espace. Une fois mis en lumière, le moindre détail est hissé au rang d’injustice à combattre. Ainsi, les auteurs du guide s’inquiètent de l’étroitesse des portes des salles de classe, car cela peut « générer un rapport de force et de négociation pour sortir à la fin du cours, ce qui incite les filles à différer leur sortie ». Sic ! Les élèves, garçons et filles, parvenaient jusqu’à présent à sortir de cours sans trop de problèmes. Mais, la machine conceptuelle à « déconstruire » et « dénoncer » a besoin de politiser ces éléments du quotidien pour s’alimenter. Ainsi mis en avant, la largeur des portes devient un sujet politique, le symbole d’une lutte émancipatrice… qui conduit les auteurs du guide à demander le remplacement des portes dans les collèges et les lycées. Ce n’est pas cher, c’est le contribuable qui paye.


D’autres sujets sont plus délicats à traiter. En ce qui concerne les toilettes, le guide hésite. Faut-il développer une offre plus importante de toilettes pour les filles qui font de cet espace non mixte un lieu où « elles peuvent s’extraire en partie des rapports de domination qui s’exercent partout ailleurs » ? Ou doit-on proposer des toilettes neutres, car « le caractère non-mixte de ces espaces est aussi une source de violence institutionnelle pour les élèves trans et non-binaires » ? Le choix semble cornélien.


Heureusement, la pratique du foot dans la cour de récréation ne souffre pas des mêmes interrogations. Elle doit être bannie au nom de l’égalité. « Les équipements sportifs sont placés au centre, or ils sont largement monopolisés par les garçons […] tandis que les filles privilégient d’autres activités comme s’asseoir et discuter.Cette « spacialisation de la virilité » participe d’une fragmentation de la cour de récréation entre des espaces « dominants » appropriés par les garçons, et des marges dans lesquelles les filles sont reléguées. »


Pour lutter contre cette « invisibilisation » des filles dans les cours de récréation, de nouveaux aménagements (forum, potagers…) doivent être mis en place pour empêcher les jeux de ballon. Mais, comme le souligne, les auteurs du guide, cela n’est pas suffisant, il convient également de former les surveillants à la question des « inégalités spatiales de genre », car sinon le risque est grand de voir des « cours de récréation sans terrains de foot où les garçons installent des buts de fortune ».


Pour s’émanciper de la prétendue domination spatiale entre les genres, imposer de tels investissements (modification du mobilier et de l’architecture des établissements) et interdire la pratique du sport loisir, comme le foot, à l’école, il faut l’avouer : c’est radical !



 

[1] La France est désormais avant dernière des pays de l’OCDE en maths et en sciences, selon le dernier classement Timms.

[2] L’UNSA, deuxième syndicat dans l’Éducation nationale, l’Institut de recherches économiques et sociales, le laboratoire d’études qui rassemble l’ensemble des centrales syndicales française et le centre Hubertine Auclair, l’organisme de la région Ile-de-France en charge de l’égalité femmes-hommes.



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